Le Sud du Pérou
Nous reprenons la route en direction du Sud pour entamer ce qui sera la dernière partie de notre périple péruvien. L’étape du jour est magnifique, avec une petite route qui sillonne dans la pampa, à une altitude quasi constante de 4‘000 mètres.
Mis à part des lamas, des alpaguas et des moutons, on ne croise que très peu de véhicules. Il faut juste prêter attention aux nombreux trous et nids de poules qui jonchent cette route qui ressemble parfois à une piste. Bref, toute la journée en mode enduro, à rouler dans un paysage grandiose, et avec une météo idéale.
En chemin nous faisons un petit détour afin d’aller voir le pont Q‘eswachaka. C’est le dernier pont de corde inca du Pérou. Ce pont qui enjambe la rivière Apurimac est constitué uniquement de cordes en fibres végétales. Bien qu'il y ait un pont moderne à proximité, les habitants de la région perpétuent une ancienne tradition en reconstruisant le pont chaque année. En 2009, le gouvernement a reconnu le pont et son entretien comme faisant partie du patrimoine culturel du Pérou. C’est plutôt branlant et un peu flippant, mais la traversée de cet ouvrage d’autrefois a procuré une bonne dose d’adrénaline !
Sinon on fait halte pour la nuit dans la petite ville de Espinar à 3‘900 mètres d’altitude, pour une étape sur la route qui mène au Cañon de Colca. S’ensuit une nouvelle journée de transition à travers les hauts plateaux des Andes. Une étape de 170 kilomètres, dont une bonne centaine de piste cassante style tôle ondulée. C’est bien fatigués et tout vibrants qu’on arrive finalement à Chivay, aux portes du Cañon de Colca que nous visiterons demain
Le Cañon de Colca se situe à 180 km au nord de la ville d'Arequipa, dans la partie sud du Pérou. Avec une profondeur maximale de 3’270 mètres, il se trouve en deuxième position des canyons les plus profonds du monde. Plusieurs treks permettent d’atteindre le fond du canyon, mais nous n’avons pas le courage de faire plusieurs heures de marche entre 2‘000 et 3‘500 mètres d’altitude. Nous nous contentons donc de parcourir la route qui longe le canyon, où l’on trouve plusieurs miradors permettant d’admirer ce paysage aride et escarpé. Le mirador le plus populaire s’appelle Cruz del Condor, d'où l'on à la chance de voir planer des condors profitant des courants ascendants.
Le Condor des Andes est un rapace majestueux qui a une envergure moyenne de 3,2 mètres, ce qui en fait le plus grand rapace et le plus grand oiseau volant terrestre du monde. Vivant à des altitudes de 3’000 à 5’000 mètres, généralement sur des rochers inaccessibles, le condor est essentiellement charognard. Il est un symbole national pour le Pérou, l'Argentine, la Bolivie, le Chili, la Colombie et l’Équateur. Le condor joue également un rôle important dans le folklore et la mythologie des régions andines.
C‘est en admirant les condors que l’on fait la connaissance de Bastien, un lausannois qui voyage à moto en Amérique du Sud. Au fil de la discussion on découvre avec surprise que Bastien et mon fils Julien se connaissent ! Quand je vous dis que le monde est décidément tout petit. Sur le chemin du retour on s’arrête pour manger dans un restaurant au bord du canyon. C’est au moment de payer que l’on apprend que le vieux monsieur propriétaire de l’endroit a travaillé pour la filiale péruvienne du groupe Suisse Elektrowatt !! Un monsieur super gentil qui nous explique les plantes de son potager et nous fait voir son élevage de cochons d‘Inde. Une bien belle journée agrémentée par de superbes rencontres, c’est aussi et surtout ça qui fait la beauté de ce genre de voyage…
Pour rejoindre Arequipa nous devons une nouvelle fois franchir la barrière des Andes, et cette fois nous grimpons jusqu’au Mirador de los Andes qui culmine à l’altitude de 4‘880 mètres. La Salamandre ne bronche pas et nous amène sans effort jusqu’à ce qui représente à ce jour notre nouveau record d’altitude ! Nous sommes dans la pampa de très haute altitude, avec des paysages lunaires où ne vivent que quelques troupeaux de guanacos et autres vicuñas. Un environnement à la fois hostile et d’une beauté sauvage. Juste magnifique !
Nous arrivons finalement à Arequipa, mais avant de consacrer deux journées à la visite de la ville, nous faisons notre corvée de lessive et partons à la recherche d’un bon restaurant. Avec l’aide de Google nous sélectionnons le Zig Zag et nous ne serons pas déçus !! Il s’avère que ce restaurant est tenu par un couple Helvetico-Allemand et qu’il propose des spécialités des Alpes à la mode des Andes… On est tout de suite emballés et on se régale avec une assiette valaisanne revisitée en entrée, suivie d’une fondue aux quatre fromages en plat principal et de meringues double crème au dessert. Le tout arrosé d’un excellent pinot noir argentin ainsi que d’un gin aux herbes aromatiques des Andes en guise de digestif. Un vrai régal !!!
On passe donc deux journées à visiter Arequipa qui est la deuxième plus grande ville du Pérou. Entourée par 3 volcans, elle regorge de bâtiments baroques construits dans une pierre volcanique blanche, le sillar. Comme presque toutes les villes d’Amérique Latine, son centre historique se situe autour de la Plaza de Armas, une place élégante où se dresse une magnifique cathédrale néoclassique du XVIIe siècle. En plus de déambuler dans le centre historique, nous faisons un tour au marché San Camilo et visitons l’ancien monastère de Santa Catalina. Avec ses 20’000 m² de surface, le monastère compte parmi les édifices religieux les plus grands du monde. Les hauts murs de cette citadelle cachent une véritable ville dans la ville où les religieuses vivaient isolées du monde.
Nous profitons également pour faire un passage chez le coiffeur, et retournons au Zig Zag pour une nouvelle fondue. On y fait brièvement la connaissance de Michel Hediger, le patron neuchâtelois de l’établissement, qui n’avait malheureusement pas trop de temps à nous consacrer…
Nous partons pour une longue étape de plus de 300 kilomètres, dont plus de la moitié au travers des pistes de la réserve nationale Salinas y Aguada Blanca. Ce sont à nouveau ces paysages de pampa qui nous accompagnent durant la majeure partie de la journée. Dont une immense lagune saline à près de 4’500 mètres d’altitude.
Nous arrivons finalement à Puno sur les rives du lac Titicaca, pour ce qui sera notre dernière étape péruvienne. La ville est considérée comme la capitale folklorique du Pérou en raison de ses festivals traditionnels où la musique et la danse sont très présentes. Parmi les points d'intérêt, on peut citer la cathédrale de Puno, de style baroque andin, et les rues piétonnes aux abords de la Plaza de Armas.
Le lac Titicaca chevauche la frontière entre le Pérou et la Bolivie, dans la Cordillère des Andes. C'est l'un des plus grands lacs d'Amérique du Sud et, avec une altitude de 3’812 mètres, l'étendue d'eau navigable la plus haute du monde. Nous faisons une sortie en bateau afin d’aller visiter les îles flottantes sur lesquelles vivent les indiens Uros. Installés à six kilomètres de la ville de Puno, les Uros vivent sur un archipel d'îles flottantes fabriquées à partir de totora, une espèce locale de roseau. Une expérience intéressante que de voir comment ces îles sont construites, avec le bémol du tourisme à outrance que cela génère.
Nous aurons passé deux mois au Pérou que nous quittons avec un sentiment mitigé. Des zones côtières désertiques à la forêt amazonienne, en passant par les hauts sommets des Andes, nous avons découvert des paysages variés et magnifiques avec une grande richesse culturelle. Par contre c’est le pays le plus pollué que nous ayons visité jusqu’à présent, avec des tonnes de déchets jonchants le bord des routes. C’est très préoccupant, surtout de réaliser qu’il n’y a aucune prise de conscience et que tout le monde s’en fiche. Et que dire des conducteurs péruviens qui sont à ce jour les pires que nous ayons côtoyés durant notre périple. Demain nous disons Adios Perú et nous nous réjouissons de partir à la découverte de la Bolivie…